Arts scéniques et vieilles dentelles

Arts en stocks

posté le 20-11-2010 à 10:58:07

De caresses en textes, de textes en tartes…

De caresses en textes, de textes en tartes…
 
Je ne veux pas que mes textes soient pris comme des caresses,
Pas obligatoirement non plus comme des coups de pieds aux fesses,
Mais pourquoi pas parfois des tartes dans la gueule, bien balancées,
Même si je remplace par un coup de fouet la crème fouettée.
 
 
Je ne veux pas vendre mon âme à des diables en carton,
J’ai bien trop à rigoler sur les câbles de leurs faux airs de démons,
Je n’ai pas le goût du marcher au pas, du comme tout le monde
Pour avoir l’air de rigoler à leurs plaisanteries immondes.
 
 
Je ne vends pas ma poésie dans des espaces de bavardages,
Je n’écris pas pour émouvoir des femmes entre deux âges,
J’ai passé le temps des concessions comme une catin,
J’ai fait le choix de faire mes choix même si j'en suis hautain.
 
 
Je ne concède pas à la compagnie de bienheureux imbéciles
Le pouvoir et l’autorisation de me faire rire, ou de mouiller mes cils,
Je ne fais pas dans le psychodrame de cours d’école vieillissantes,
Je n’étale pas mes amours et non amours sur des pentes avilissantes.
 
 
Je revendique ma barbarie, même si quelque fois elle s’affadie,
Ce sont les jours où j’imagine que les gens qui n’ont pas d’esprit,
Je peux encore les côtoyer sans perdre au fond de moi une partie
De ce que j’ai eu tant de mal à gagner tel un permanent défi.
 
 
Je sais, vous me direz fier, trop fier, sans partages, sans concessions,
Je vous l’avoue, je ne fais la part belle à ceux que j’estime cons
Vous voyez qu’à travers cet aveu difficile je vous fais une concession,
Alors par pitié, insultez moi mais ne me prenez pas pour un con…
 
Santal 

 


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1. Francoisee  le 24-11-2010 à 21:49:31

Et bien au moins, ça rime, et ce n'est pas de la langue de bois !! Ce serait intéressant de savoir si cet écrit est récent.

2. Santal  le 25-11-2010 à 13:20:08

il date de mai 2006, mais pour moi il est intemporel car je n'envisage pas de changer d'avis ni de position dans les années à venir.
il faut quand même dire qu'il faisait suite à un salon de tchat où un certain nombre de scribouillards médiocres exhibaient des vers pitoyables pour épater leurs galeries baveuses, et j'ai trouvé ça un tantinet insupportable.
Par la suite j'en ai néanmoins fait une sorte de credo personnel, je n'irais pas affirmer que c'est ce que j'ai écrit de mieux (mais ai-je écrit quelque chose de bien un jour ? ça se saurait non ? rires) mais ça a le mérite d'être clair et de mieux situer les choses.

3. rayon  le 25-11-2010 à 15:05:36  (site)

Je crois que c'est le texte de la "maturité". Si tu ne sais pas vraiment ce que tu aimes, tu sais, c'est sûr, ce que tu n'aimes pas.
Merci de partager ton texte Sourire

4. OldDream  le 26-11-2010 à 08:45:49

Sauf erreur ,ton texte comptabilise 22 formes de Je...Devons-nous tomber dans ton jeu de nous faire croire un peu trop vite que tu es juste un égocentrique?
Le 22 m'a posé question, le style écorché vif m'a fait visiter le célèbre "22 v'là les flics"! Puis une passion ovale commune me fait penser à un esprit plus collectif du 15+7 joueurs, titulaires et remplaçants, de ce sport de voyous pratiqué par des gentlemen.
Une chose dont je suis sûr, tu dois être un coriace lors des troisièmes mi-temps, ces lieux surprenants où l'on rencontre des Antoine Blondin !

5. Santal  le 30-11-2010 à 01:32:31

je te remercie Rayon pour cette définition "le texte de la maturité", je me demandais non pas ce qui m'avait poussé à écrire ce texte car comme tu l'as dit il définit ce que je n'aime pas, mais pourquoi je l'avais écrit à ce moment et il correspond à une étape dans ma passion de l'écriture, sans doute l'étape du passage à la maturité. Avec humour me voilà rassuré en partie, je muris encore.
OldDream, je n'ai donc pas réussi à me faire passer pour un odieux égocentrique, mais je suis content de ma volonté à avoir accumulé les "je", car tu les auras remarqué. Je serais vantard d'aller jusqu'à prétendre que le nombre est un fait exprès, même si nous sommes animés de passion pour ce noble sport que tu définis si bien, et j'aimerais assez que nous ayons l'occasion de partager une de ces fameuses troisièmes mi-temps pour te prouver combien je sis un coriace en ces moments là, mais sans avoir la verve et la plume hélas de ce monsieur si respectable que tu cites.
Nous pourrions même inviter à cette troisième mi-temps l'ami Rayon dont la région est spécialiste il me semble.

6. chricaillou  le 30-11-2010 à 15:26:28  (site)

Ces vers je les lis en apnée
Si longs et fourmillant d'idées
Qu'à la fin je n'ose bouger
De peur de les voir s'échapper

7. Santal  le 05-12-2010 à 18:50:37

je te remercie Chricaillou de tes commentaires si jolis et si gentils, ça me touche profondément.

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posté le 08-11-2010 à 21:27:24

Fausse manip….

Fausse manip….

 

Mon éthique m’a conduit à consulter la nétiquette du salon #Arts and Factory
et ô surprise quand suis tombé sur ça.

 

En guise d’arts scéniques, je goûtai du curare !

 

Sur le champ, je quittai cette plage désinvolte pour joindre l’agréable à l’utile.


 
La littérature mènerait-elle donc à tout ?
 
 


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1. dilettante  le 09-11-2010 à 18:04:02

La trahison de l'image !
C'est le contexte au sens général qui donne sens à l'image... Michel Foucault l'a très bien écrit dans "Ceci n'est pas une pipe" (Ed- Fata Morgana) à propos du célèbre tableau de Magritte.
Voilà donc les liens remis dans leur contexte :
- http://plage-desinvolte.pagesperso-orange.fr/d_autre/d_art/numero2.html
Détournement d'un dialogue de J-L Godard dans son film Numéro 2
- http://plage-desinvolte.pagesperso-orange.fr/d_autre/d_art/numero3.html

2. OldDream  le 15-11-2010 à 10:51:37

Je sais enfin quel est l'auteur de ce site fouillé ! Cqfd.Clin doeil1

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posté le 08-11-2010 à 21:21:02

Les petits mouchoirs

Les petits mouchoirs

 

Les petits mouchoirs

 

Maman voulait à tout prix aller voir ce film, le réalisateur Guillaume Canet est beau gosse ! Et puis, tourné dans la région, au Cap Ferret, mythique presqu’île entre le ciel et l’oooo comme le crachait si bien notre Lama, voisin bordeluche.

Casting de stars, Cotillard, Cluzet et son ex, Magimel, Dujardin dans le mauvais rôle, Gilles Lellouche, Pascale Arbillot, Anne Marivin, Laurent Lafitte et le régional Joël Dupuch comme son nom l’indique, furtive apparition de M. Chedid en petite tenue dans le lit de Marion. Si !

Une bande son coûteuse, très, paraît-il.

Cet endroit de nature fragile, longue et svelte bande de sable protégeant jalousement l’entrée du Bassin d’Arcachon méritait peut être autre chose qu’un remake de « François, Benoît, Jean, Gilles et les autres », des « Bronzés font du ski (nautique) » voire des « Sous-doués en vacances ». Gags de beaufs, si gros qu’ils font parfois rire, mais pas de quoi casser trois pattes à un Canet qui, à mon avis, s’ensable dans une mauvaise passe arcachonnaise.

Dans cette histoire invraisemblable et comateuse Cluzet abuse de ses tics dans un rôle sur mesure. Ceci-dit, la belle Marion provoque, Messieurs, quelques tocs !

Mais vous en avez malgré tout pour votre pognon avec les 2 h 30 de pellicule, les vraiment très sensibles sortiront même leurs petits mouchoirs pour le pathos final. N’en jetez plus !

Sensibles aussi au harcèlement médiatique de la promotion de ce film commercial, les spectateurs s’y bousculent, du moins chez nous, en Aquitaine.

Maman a aimé, moindre fut ma déception ! Mon cornetto choco-pistache a encore coulé heureusement que j’avais gardé Les petits mouchoirs pour la faim.

OldDream
 


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1. Mertseger  le 10-11-2010 à 09:18:05

J'ai adoré ce film. Sans doute parce que c'est ma région aussi et que j'ai trainé sur ces petites plages avant de savoir marcher. Mais aussi parce que, abstraction faite du matraquage médiatique, il représente une conception de l'amitié très proche de la mienne et qu'il est qq fois bon de se rappeler que les moments qu'on laisse passer sont perdus à jamais même si les vrais sentiments restent intacts en dépit du temps qui passe.

2. Alphie  le 10-11-2010 à 16:53:27

T'as pas de coeur c'est pour ça...
Je ne l'ai pas vu mais rien que de te lire me donne envie d'y aller...

3. OldDream  le 15-11-2010 à 10:26:58

En effet , on peut retrouver en ce film "Le coeur des hommes"smiley_id117729
Comme Maman , les femmes semblent l'aimer...le film! Rire

4. asteria  le 03-12-2010 à 11:00:56

moi ce fut mitigé...trop de longueurs.. de l'ennui en fait, même si les problèmes existenciels des quarantenaires m'a à un moment fait espérer.

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posté le 08-11-2010 à 21:08:31

Nick Cave : fête d'anniversaire, mauvaise graine et homme-machine à broyer

Nick Cave : fête d'anniversaire,
mauvaise graine et homme-machine à broyer


J’ai découvert Nick Cave en même temps que la poitrine de Rose McGowan… J’avais 16 ans, le film Scream était sorti sur nos écrans. Une claque. Un film drôle, intelligent, bien ficelé. Qui est-ce que j’arrive à tromper là ? Un film avec Neve Campbell, Rose McGowan, Drew Barrymore… C’est tout ce qui comptait.

Pour prolonger ce plaisir coupable, j’avais même acheté la bande originale. Magique. Youth Of America de Birdbrain, Don’t fear the Reaper de Gus (reprise de Blue Öyser Cult), School’s Out d’Alice Cooper interprêtée par The Last Hard Men… Et au milieu une chanson qui dérange, qui choque, dont les vrombissements de basse et les tapotages aigus au piano vous font dresser les poils sur la peau : Red Right Hand de Nick Cave.

Qui était ce mec qui écrivait des chansons en se mettant à la place d’un tueur ? Dans mon cœur d’adolescent ému par le mouvement des seins de Neve Campbell, j’étais profondément touché.

J’ai cherché, je suis allé au comité d’entreprise de ma mère et j’ai emprunté tout ce que je trouvais de Nick Cave : la B.O. d’X-Files, Foi Na Cruz, Murder Ballads.

Pour suivre l'article, il vous suffit d'aller lire la suite sur vultureculture le blog de no_name :
http://vultureculture.fr/blog/nick-cave-bad-seeds/222

 

Nick Cave en 11 chansons
 
 
Avalanche :
Reprise écrasante et pesante de Leonard Cohen
 

 
Black Betty :
Reprise d’un blues, fidèle à l’original de Leadbelly
(juste la voix et les mains qui claquent, contrairement à la reprise agressive
et commerciale de Ram Jam)

 

 

The Mercy Seat :
Une chanson sur la condamnation à mort, l’attente, les remords,
les regrets, d’un homme qui va y passer…

 


 

The Weeping Song :
C’est une chanson qui fait pleurer, mais je ne pleurerai pas…
 

 

Brother My Cup Is Empty :
Exemple de rock survitaminé

 

 

 

Do You Love Me ? :
Qu’est ce que l’amour ? Peut-on aimer ? Peut-on être aimé ?
 

 
Where The Wild Roses Grow :
Le duo mythique avec Kylie Minogue dans le rôle de la victime de l’Amor. 

 


Into My Arms :
Exemple de ballade romantique chargée d’émotions

 



As I Sadly Sad By Her Side :
Nick Cave nous parle de compassion et d’incompréhension.

 


Babe I’m On Fire :
Morceau épique de 15 minutes (en 2 parties, hélas)
 



 
What a Wonderful World (Avec Shane MacGowan des Pogues) :
L’originale est de Louis Armstrong, une chanson contemplative sur la beauté
du monde qui nous emplit de nostalgie à sa seule écoute.

 
no_name

 

 


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posté le 07-11-2010 à 22:33:35

Sokna-N'Déyé, la petite lumière.

Sokna-N'Déyé, la petite lumière.
 

sokia

 

Hiver 2006. Au Sénégal, c'est l'hivernage

Martine et moi, nous arrivons à notre destination. Au sortir de l'aéroport, le sol transpire de cette légère brume humide en suspension et de cette odeur tellement particulière qu'on ne sent qu'en terre africaine.

Le car nous emmène à 80 km de là. Nous longeons la petite côte, par la seule route praticable. A gauche, la brousse, les baobabs, les flamboyants, parfois un troupeau de zébus, à droite l'océan que nous perdons de temps en temps de vue, lors de la traversée des villages qui, pour certains, fourmillent d'une foule multicolore, de véhicules datant d'un autre age, de chèvres, d'étals de bananes, de pastèques, d'arachides, de bassines de toutes les couleurs, de montagnes de pneus usagés, de monticules d'objets hétéroclites qui ont, malgré leur fin de vie évidente, une nouvelle utilité, connue des plus habiles qui les achètent.

Nous arrivons la nuit tombée. Nous devinons plus que nous ne voyons, la forêt dense d'épicéas, d'eucalyptus, d'acacias, qui nous entoure. Oasis de 140 hectares, entre brousse et océan.
Après une collation et un léger diner, nous rejoignons chacune notre case. Confortable mais simple.
Au matin, petit déjeuner, en compagnie des merles métalliques, et des tisserins qui viennent chaparder des miettes sur la table.

" Martine ? Tu es prête ? Ok, en route pour Mballing. "


Mballing. Nous sommes subitement sur une autre planète. Après les moultes congratulations, les vives démonstrations de la joie des villageois à nous revoir, nous décidons de sillonner le village, d'aller saluer telle ou telle famille connue ou pas de nous.


Arrivées à proximité d'une case ou semblait régner un peu d'agitation, une femme, un grand sourire aux lèvres, nous fait signe, à grands gestes, d'entrer. Nous approchons de l'entrée, quelque peu intriguées et aussi un peu gênées de venir troubler ce qui semblait être un petit regroupement de femmes. On nous pousse presque à entrer. Nous entrons.


Tout d'abord, il nous faut quelques secondes pour nous habituer au sombre de la case, nos yeux ayant été exposés à la forte lumière extérieure. Il règne une forte chaleur. Nous apercevons des femmes debout, une femme assise au bord d'un lit, et sur le lit, une sorte de petite coque couverte d'un voile. La femme assise sur le lit rayonne, mais semble épuisée. Quelqu'un nous traduit : "vous voyez, là sur le lit, dans le petit berceau, il y a Sokna N'déyé, elle est née il y a seulement quatre jours, c'est une petite prématurée, sa maman a accouché à 7 mois de grossesse, vous voulez la voir ?"


Martine et moi échangeons un regard et nos yeux se scotchent sur la petite coquille. La maman sort le bébé de son minuscule berceau de fortune, avec mille précautions. A ce moment, elle nous tourne le dos, à genoux sur le lit. Elle se retourne doucement, la minuscule petite chose qui tient dans ses deux mains jointes. Elle la pose sur un tissu fleuri sur ses genoux. Et là, nous écarquillons nos yeux ! La première chose que nous voyons : des feuilles, puis la minuscule tête, ses petits bras comme des brindilles, ses minuscules mains. Le bébé est enveloppé dans des feuilles ! Notre traducteur lit à la fois notre grande surprise et notre émotion sur nos visages.


Je vais vous expliquer, nous dit-il. "Vous voyez ces feuilles ? Ce sont les feuilles d'un arbuste peu courant chez nous, le Paftane. C'est l'arbre de l'accouchement sans douleur. Et ses feuilles possèdent des propriétés extraordinaires. Elles donnent la force et protègent la vie. C'est pourquoi Sokna est enveloppée dans ces feuilles. Elle le sera jusqu'à ce qu'elle atteigne le neuvième mois de grossesse, et peut-être encore durant un moment, selon le degré des forces qu'elle aura reprises".
Martine et moi, nous restons muettes, nous sommes submergées à la fois par l'atmosphère de grande protection spirituelle qui règne dans la case, la minuscule vie enveloppée dans les feuilles, les visages aux yeux brillants.
Comme le veut la coutume, nous

remettons à la maman un peu d'argent, et nous quittons la case à pas feutrés.


Nous n'avons plus de mots. Nous décidons tacitement d'arrêter là nos visites, Demain ou après-demain, nous poursuivrons.


La petite Sokna N'déyé a eu 3 ans en novembre 2009. Je n'ai pas réussi à la voir. Je la verrai cette année, promis .


Le Sénégal. Sous le soleil, la vérité. Le pays ignore les sentiments coupés sur mesure, la prétention, l'emphase. Il rit de tout, et d'abord de lui-même. Il reste sincère, léger, fragile. Et mystérieux sous ses baobabs, entre ses marigots et ses griots. Le farniente y devient une aventure et la carte postale un genre philosophique. C'est que la "plus proche des destinations lointaines" est aussi la reine de tous les envoutements.

 

 

paftane



Françoise

 

 


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1. escaleocabannes  le 08-11-2010 à 21:44:40  (site)

magique

2. Lhorizonette  le 09-11-2010 à 09:45:37

Beau document Françoise

3. OldDream  le 15-11-2010 à 10:32:20

Très beau récit, on s'y croirait et j'adore.
En plus , j'avais pas encore lu le "Martine au Sénégal"Joint

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posté le 06-11-2010 à 16:28:48

C’était mieux avant…

C’était mieux avant…

 

Je n'entends plus que ça :
c'était mieux avant !

Mais c'est quoi qu'était mieux avant ?

 

Je n'étais pas né qu'on venait de gazer quelques millions de juifs : tu sens mauvais mon ami !

C'est ça qui était mieux ?

 

J'avais à peine 5 ans qu'en Algérie, on passait quelques milliers d'Arabes à l'électricité : tu vas parler mon ami !

C'est ça qui était mieux ?

 

J'étais encore au lycée qu'on évangélisait le Vietnam au napalm : tu vas griller mon ami !

C'est ça qui était mieux ?

 

Avec ma majorité, en Amérique du Sud, les dictatures militaires dispensaient leur bonne éducation : tu vas souffrir mon ami !

C'est ça qui était mieux ?

 

La seule chose qui était mieux avant...
c'est qu'on était jeune !

 

La seule chose qui était mieux avant c'est que j'étais jeune

et que je m'intéressais aux filles, aux filles mais pas à celles qui sont devenues les vieilles acariâtres pleurant sur leurs souvenirs !

 

La seule chose qui était mieux avant c'est que j'étais jeune

et qu'avec d'autres, je voulais changer le monde mais pas avec ceux qui n'ont fait que réintégrer et reproduire la classe nantie de leurs parents !

 

 

La seule chose qui est bien maintenant ...
c'est qu'il y a toujours des jeunes qui veulent changer le monde
et qui courent les filles !

 

serges


 


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1. serges-  le 06-11-2010 à 15:56:11

Dans une recherche dans un de ces livres fabuleux qui s’appellent des dictionnaires, j’ai trouvé que ces gens-là peuvent s’appeler des « laudator temporis acti » ce qui veut dire : faisant l'éloge du temps passé.
L’expression est déjà dans l’ « Art poétique » d’Horace, un pote à Virgile, né en - 65 avant J.-C., c’est dire si c’est récent.
On peut aussi les appeler des vieux cons, c’est plus moderne et aussi juste !

2. Francoisee  le 07-11-2010 à 07:32:27

Il n'y a pas que les filles d'avant qui ont vieilli, les garçons aussi !

3. no_name  le 07-11-2010 à 20:29:20

Joli article. Je garderai ça en tête tout le temps où je vieillirai Sourire

4. Mertseger  le 08-11-2010 à 08:38:32

J'aime bien ce texte et j'aime bien la fin que tu as modifié. Mais oui, les filles ne sont pas les seules à vieillir et je connais aussi des vieux machins qui ont en fait toujours été vieux. Par contre, si tu as une recette pour vieillir en conservant cet optimisme que l'on a quand on ne sait pas ce qui nous attend, je prends !!

5. KAFF  le 08-11-2010 à 21:50:20  (site)

Ah Horace ! il avait du talent, pas comme maintenant !

6. asteria  le 02-12-2010 à 10:19:34

On a retrouvé dans les pyramides des textes de vieux qui disaient dèjà que ... c'était mieux avant! bien vu serges

 
 
 
posté le 28-10-2010 à 12:16:24

Harmonie ou l'art de percevoir son chemin

 Harmonie

ou l'art de percevoir son chemin

 

 

Harmonie

 

Avant propos

Il y a parfois dans la vie des rencontres qui ont des allures de rendez vous et qui nous amènent au fil du temps dans une direction précise que nous même ignorions au départ.
Mon premier rendez vous s’appelait Guy, il a fait mon thème astral juste pour me montrer que ce que nous étions était inscrit dans les étoiles.
Le second était Annie qui m’a enseigné l’astrologie, le troisième un livre d’astrologie karmique rencontré chez un libraire d’Armentières.
Il y a eu ensuite Sylviane qui m’a poussée à faire des thèmes pour les autres et tous ceux qui ont enrichi ma vie de l’expérience de la leur au fil des consultations.
Mike est arrivé alors avec son grand projet, faire maigrir par l’écriture « et si tu me servais de cobaye » Il a disparu avant que je ne finisse, son rôle étant terminé. Alors j’ai continué mon livre et ma route en le faisant publier à compte d’auteur.
Je croyais que tout avait été dit, mais j’en ai écrit un autre et puis un autre simplement parce que j’en avais envie. Je ne savais pas alors que j’avais rendez vous avec Françoise dans le train entre Lisieux et Paris grâce à qui ce livre à été édité. Je ne sais toujours pas le but final de tout cela mais je suis le chemin de ma vie qui de rencontre en rencontre semble mieux savoir que moi où je dois aller.

 

      Un petit extrait… choisi par l'auteur... rien que pour nous !

Leur relation n’était pas claire : amitié amoureuse, amour amitié… Gordal voulait savoir, il avait besoin de savoir.
Tu te souviens qu’il avait appris le lâcher prise, Gordal, et bien là, avec Mélodie il repartait à la case départ. C’est comme s’il ne savait même plus ce que lâcher prise pouvait signifier.
Il avait besoin de certitudes et elle pirouettait sans cesse, pour ne pas se dévoiler.
Lui qui avait tant aimé jouer avec les mots, ne trouvait plus du tout cela rigolo, mais alors plus du tout.
Mélodie était là, parfois elle semblait amoureuse, parfois complètement absente, parfois même elle disparaissait complètement pendant plusieurs jours.
Et je le voyais mon Gordal, passer par des hauts, passer par des bas. Quand il faisait des reproches à Mélodie, elle lui disait qu’il était jaloux et possessif, que c’était ce qu’elle détestait par-dessus tout ou alors qu’il voulait que tout aille comme il le voulait et qu’elle était libre et n’avait aucun maître ou qu’il était rancunier. Il lui disait :
— Mais Mélodie, je ne t’ai jamais rien demandé !
— C’est vrai, lui répondait elle.
Elle ne lui avait jamais donné son adresse, si bien que le seul moyen qu’il avait de la joindre, était de la rencontrer lors de ses passages à peu prés réguliers au box, chez Astéria.
Parfois il disait à Mélodie :
— Ne te rends tu pas compte que tu me rends malheureux ?
— Excuse moi, mais ce n’est pas volontaire, je ne suis pas méchante. Répondait-elle.
Je suis sure qu’elle ne le faisait pas exprès… Souvent les gens se débattent au milieu de leurs problèmes et en se débattant ils peuvent te donner des coups, cela ne veut pas dire qu’ils voulaient te frapper, c’est sur, mais en attendant ce que je voyais c’est que Gordal allait de plus en plus mal.
Lors de l’une de nos soirées, il aborda enfin la question.
— J’ai l’impression qu’elle se moque de moi, qu’elle joue avec moi, je voudrais arrêter cette relation et je ne le peux pas.
— Gordal, lui dit Renard, depuis que tu as rencontré Mélodie, j’ai l’impression que tu as oublié tout ce que tu avais découvert lors de ton séjour dans la cabane de l’ermite. Souviens toi de la règle numéro un, ne jamais entrer dans les énergies de l’autre : rester centré, quels que soient les mouvements d’humeurs de la personne qui te fait face.
— Mais je croyais avoir dépassé tout cela, Renard, et là je me rends compte qu’il n’en est rien, c’est désespérant.
— Gordal, tu as dépassé cela dans les situations ordinaires, quand l’enjeu affectif est trop important, tu ne le peux plus, tout simplement parce que c’est là, que réside ta faiblesse. Essais de prendre du recul, Gordal, regarde le beau miroir qu’est pour toi Mélodie, et tu comprendras.
Reprend tes Méditations et ne te laisse pas emporter par tes émotions. Tu as rencontrée Mélodie pour continuer ta route, pour continuer ta quête, et surtout pour atteindre ton objectif prioritaire.
— Inventer une nouvelle façon d’aimer ?
— Je vois que tu n’as pas oublié, Gordal

 

astéria

 

 


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posté le 25-10-2010 à 14:38:46

Mertseger nous a offert

 

Puisses-tu

Vous me manquez M. Gainsbourg…

Ed McBain

Chanson canadienne

Dweezil Zappa

Grinderman

 

 

Mertseger

 

 

 


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posté le 25-10-2010 à 14:37:18

Grinderman

 

Grinderman

 

 

Pour les chanceux parisiens, c'est demain soir (mardi 26/10) à la cité de la Musique. Certes c'est complet mais ça mérite de tenter sa chance juste pour apercevoir Nick Cave sans ses Bad Seeds mais avec Warren Ellis, Martyn Casey et Jim Sclavunos. Leur premier CD est une véritable bombe. Je ne connais encore pas le deuxième qui vient de sortir mais c'est du rock hargneux jusqu'à l'os, fascinant et malsain .. Du Nick Cave quoi !

 

 

 

 

Mertseger
 


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1. no_name  le 26-10-2010 à 19:03:04

Tiens y a plus Mick Harvey avec lui ?
j'espère qu'il reviendra.

Sinon je te fais confiance Sourire

2. no_name  le 03-11-2010 à 12:15:16

Pour les places j'ai appris un truc : la mairie réserve toujours un minimum de places pour qu'elles soient vendues sur place.
Donc quand un concert est affiché complet, il reste des places en vente au guichet sur place... Faut juste arriver tôt.

3. harfang  le 04-11-2010 à 10:41:41  (site)

vraiment sympa !

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posté le 24-10-2010 à 21:51:37

Jardin japonais

Jardin japonais

 

 

Jardin Japonais

 

 

Serges-

 


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posté le 24-10-2010 à 21:44:12

A fleurs de fantaisie…

 

        poupée bleue

Poupée Bleue 

 

 

perles de rosée

Perles de rosée

 


Butinage 

Butinage

 

 

Diva

  Diva

  

   Thanks smoochie

 

Rainbow

 


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1. no_name  le 03-11-2010 à 12:23:28

Ce que je trouverais top c'est d'avoir le contexte de ces photos, où, quand, comment ? L'état d'esprit dans lequel tu étais Sourire

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posté le 24-10-2010 à 21:27:35

Rainbow nous a offert

 

Cerisier blanc

 A fleurs de fantaisie

 

Rainbow

 
 


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posté le 24-10-2010 à 20:55:58

Fleur de lotus

Fleur de lotus

 

 

Fleur de lotus

 

serges-

 

 


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posté le 24-10-2010 à 20:37:50

Le Pont du Gard

Le Pont du Gard

 

Le Pont du Gard


 


Comme ça vous savez où j'ai passé mes vacances !
 
serges-
 


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posté le 24-10-2010 à 18:22:29

Le saut du varan

Le Saut du varan

 François Bizot

 

le saut du varan

 

 

Flammarion, 2006
Et en poche chez Folio, 2010


L’intrigue se passe en 1970 dans l’arrière-pays khmer, au Cambodge, proche du site d’Anghor Vat. Un ethnologue extravaguant, un inspecteur de police désabusé, de jeunes paysannes ; sur fond de guerre inavouée entre Nord-Vietnamiens, Khmers rouges, Américains et la vieille puissance coloniale qu’était la France ; la moiteur, la touffeur de la forêt tropicale, la sensualité effleurée des corps, les odeurs putrides ou suaves de la nature ; la place du bouddhisme dans la population, ses rites anciens et modernes ; voilà pour le décor, les personnages et l’ambiance.
L’auteur emploie souvent des mots techniques, recherchés, voire savants qui, dans le contexte, sont facile à comprendre. Sans faire pédant, ni me renvoyer à mon inculture, il me fait croire, un court instant, à une possible érudition.

Je ne sais pas si c’est bien écrit, si c’est de la bonne littérature mais le soir, je suis partagé entre le désir voluptueux de voler des heures à la nuit pour finir le livre ou de le laisser après quelques pages et m’endormir avec la sensation d’être dans un hamac en pleine forêt tropicale.
Je vous en prie, sans façon, vraiment… Tout le plaisir est pour moi !

 

serges-

 


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posté le 24-10-2010 à 18:09:18

Moi, Victor

Moi, Victor

 

 

Victor 1

 

 

 

Torrents de feu. J’aimerais revivre, être autre chose qu’une phalène.
La flamme danse, crépite, et nous attire inexorablement vers sa morsure mortelle.
Nos ailes bruissent, s’approchent, peu importe les victimes, nous suivons la chaleur.
Est-ce qu’on meurt dans le réconfort ? Le bien-être d’une flamme amie ?


Je m’appelle, Victor, et je suis comme les autres… Je suppose. Ce matin, comme d’habitude, je sors de bonne heure de chez mes parents. Ils me regardent, du pas de la porte, m’éloigner. Je cours, insouciant. Ma mère me demande, plus de façon rituelle, que véritablement curieuse, où je vais, si plein d’entrain et de gaieté. Je dois dire que j’ai à peine entendu la question, mais je la connais par cœur, je donne la même réponse que tous les jours : « au lac ». Elle et mon père, rentrent, rassurés, car ils savent que je suis prudent.

 

—————————

 

Fixant mon reflet dans l’eau, je vois mon petit bateau de bois dériver, du coin de l’œil. Il est déjà bien loin maintenant.
Tiens ? C’est étrange… Mon reflet semble bouger. Non ce n’est pas le léger frémissement de l’eau. Ce n’est pas non plus un poisson. Il semble vouloir crever la surface, comme pour me rejoindre. Ce qu’il y a d’encore plus étrange, c’est que je trouve que le reflet de mon visage dégage une délicatesse que je ne lui connaissais pas. Et cette couleur bleutée ? D’où vient-elle ? Certainement pas du soleil, qui est maintenant au plus haut. Mais non… Ce n’est ni moi, ni mon reflet que j’observe… C’est autre chose. Le visage souriant perce la surface du lac, suivi d’une main, puis un bras, et toujours cette couleur bleuâtre… Un bleu, ni vif, ni ciel, plutôt estompé. Le bleu-blanc des arbres couvert de gel au début de l’hiver. J’observe ce visage magnifique, enfantin, qui s’anime dans un ballet étrange et joyeux. Ce visage semble se moquer de moi, délicatement. La main danse sous les rayons de soleil, dans une sarabande moqueuse. J’approche donc mon visage de l’eau… Encore plus près. Nos deux nez se touchent. Dans une trombe d’eau, je me retrouve projeté en arrière.


Victor 2 Maintenant couché dans l’eau (je n’ose penser à ce que va dire ma mère en voyant mes vêtements détrempés…), je suis maintenant fasciné par ce corps adolescent, sur le haut duquel retombe de longs cheveux blonds. On dirait une jeune fille. Mais elle est différente de toute celles que je connais. Sa peau pour commencer, est d’un bleu pâle inhabituel. Et ses doigts… C’est comme s’ils étaient joints les uns aux autres par une fine membrane, bleue, elle aussi. Elle a des yeux noirs sans iris, dans le vide desquels je pourrais me noyer. Ils me dévisagent fixement.
A cet instant, le son d’une voix claire et mélodieuse brise le charme de cette scène étrange.
« Alors, nigaud ? Tu ne veux pas jouer avec moi ? »


Evidemment que je veux…



—————————


J’ai tant couru dans l’eau, chahuté, et nagé avec cette étrange jeune fille, que je suis maintenant épuisé. Je n’ai ni frère ni sœur, et je n’ai jamais passé un aussi bon moment. Elle est belle. J’aimerais jouer avec elle, encore un peu… Mais le soir approche, et je dois la quitter. Sans un mot, nous partageons silencieusement la promesse de nous revoir.
Au moment où je pars, je l’entends me murmurer, calmement « A bientôt Victor. Mais je t’en prie : ne tombe jamais amoureux de moi, tu n’aurais que du souci ».
Je rentre donc, bien tard, beaucoup plus que d’habitude. Et je pense à elle, si jolie, si innocente. Peut-être que malgré tout, je suis en train de tomber amoureux ? Peu importe ce qu’il m’arrivera. Mais après tout, je ne sais pas ce qu’est l’amour… Comment saurais-je si c’est ce que je ressens ?

 

—————————

 

Je veux voir et pleurer la lumière du soleil ;
Ouvrir ma poitrine, sortir mon cœur.
Mangeons-le, Pleurons un an encore.
Rire dans les nuages ; et d’autres merveilles ;
Au fond des eaux, au-dessus du ciel,
Peu d’émotions… suis-je spirituel ?
Toutes ces impressions… suis-je matériel ?
Doit-on le trouver pour devenir pareils ?

 

—————————

 

Mes parents, bien évidemment, semblent contrariés par l’état piteux de mes habits. Ils ne me posent aucune question sur mon retard. Ils savent que je ne dirais rien, et que je suis parfois un peu ailleurs. Mais ils semblent ravis de me voir manger avec appétit ce soir… Et les soirs suivants. Car je revois souvent la jeune fille, presque tous les jours, durant deux semaines. Enfin, jusqu’à ce mon père tombe malade… Gravement. Il faut dire qu’à la ferme, les vaches sont, elles aussi, malades depuis quelques jours. Peut-être l’ont-elles contaminé ?
Malheureusement, je suis obligé de voir moins souvent Laureline (c’est ainsi qu’elle s’appelle) pour rester près de mon père, à son chevet. Mais dès que je le peux, je vais la retrouver. Je ne peux pas m’en passer. J’ai besoin d’elle. Surtout maintenant.

 

—————————

 

Je m’effondre, en sanglots. J’essaie de prendre du recul sur ce que vient de m’annoncer ma mère, inondée de larmes. Mon père est mort. Et je n’étais pas là. J’étais avec Laureline. Mon père est mort. Je n’étais pas là. Il est mort. Je ne comprends pas. Je n’y crois pas. Mon père est mort… Mais comment peut-il mourir ? Il était si gentil, si doux. Il prenait soin de moi. Il est mort.
Seule Laureline pourrait me consoler. Avec elle, tout est simple. Elle me comprend. Je ne peux pas la voir. Mon père est mort. Je ne peux pas… Si je ne l’avais pas vue ce soir… Mon père serait-il encore là ?
Pourtant j’y vais… Je vais la retrouver, et sur la route vers le lac, ces mots si doux, auparavant, sonnent amèrement « Ne tombe jamais amoureux de moi, tu n’aurais que du souci ». Est-ce que… ? Non ce n’est pas possible… Mais si… Si elle était responsable ? Si c’était à cause d’elle que mon père est mort ? Elle est si différente… Pourquoi n’aurait-elle pas des pouvoirs ? Et si elle avait tué mon père pour que je sois pour toujours avec elle ?
Un frisson me parcourt l’échine… Non. Pas elle. Pas ma Laureline. Si elle est coupable, alors moi aussi. Pourquoi est-ce que j’ai besoin d’encore la voir ? Mon père est mort. Il ne reviendra plus. Je n’ai que deux solutions : pardonner à Laureline, nous pardonner et tout oublier. Ou me venger d’elle, la seule qui compte autant pour moi. Je dois ravaler ma rancœur. Après tout, si elle m’aime, tout ira bien désormais. Oui. Mais seulement si, elle m’aime.

 

—————————

 

Notre conversation est vive et animée. Je vois alors un gamin du coin s’enfuir du coin de l’œil. Le sale petit… Il nous espionnait ! Qu’il fuit, le lâche, je dois éclaircir tout ça avec Laureline. Elle doit m’expliquer. Et ce qu’elle me dit me transforme. Du cœur à la tête. De mon cœur que je pensais voir éclater, de mon cœur qui est à présent ma seule raison de vivre. Nous sourions ensemble. Les yeux dans les yeux. Puis je vois l’horreur envahir ses iris sans fond. Je vois alors, moi aussi, les gens du village s’approcher. Ils parcourent les rives du lac, armés de torches et de fourches.
« Une ondine ! ». Des murmures tout d’abord, maintenant des hurlements ! « Ce foutu gamin est avec une Ondine ! »
Je dis à Laureline de fuir. « Cache-toi ! Sauve-toi ! ».
Et son corps argenté disparaît dans les profondeurs du lac.

—————————


« Ma Laureline » Je pense à toi. Je vais bientôt te rejoindre. Enfermé dans cette cage, dans laquelle les gens du village m’ont enfermé, je penserais toujours à toi. Jusqu’à la fin. Je descend dans les eaux glacés du lac. La froideur pénètre ma chair comme un ultime coup de poignard. Seule ta flamme pourrait me réchauffer, sauver mon âme de cet instant effroyable. Ma prière… Elle est exaucée ! La voilà ! Non, c’est le manque d’oxygène… Je dois avoir des visions. D’ailleurs n’est ce pas un rêve depuis le commencement ? Oui c’est ça. C’est mon imagination. Demain matin, j’aurais tout oublié. J’ai l’imagination fertile. Et papa me réveillera demain pour aller relever les pièges à lapins.
« Victor ». Ce n’est pas la voix de ma mère qui me sort de ce doux engourdissement. « Je peux t’aider ! ».

Victor 6

 
« Je sais ». C’est ce que j’aimerais lui dire. Mais l’eau glacée rentre dans ma bouche, mes bronches, mon sang gelé monte à mes temps. Tout bourdonne, sa voix inaudible semble me demander « Jure-moi de toujours m’aimer avec douceur ». J’acquiesce faiblement. « Bien sûr… Toujours. A jamais. J’ai l’impression d’être aspiré à travers les barreaux de cette cage. De ce cercueil. Je ne suis plus qu’un avec l’eau, pendant un bref et éternel moment. Le vrombissement s’arrête. Un nouveau corps, une nouvelle chance me sont donnés : un corps bleu, aux yeux d’ébène, sans iris. Elle m’a fait le plus merveilleux des dons : je suis désormais un esprit des eaux. Comme elle. Et je partage avec elle l’immortalité. Mais nous devons fuir. Loin de ce lac. Maudit. Traqué par les villageois : pour eux l’Ondine porte malheur. Il faut la détruire avant qu’elle ne joue de ses sortilèges.

—————————


Les années, les siècles passent ; pour mon corps immortel et mon esprit bienheureux, ce n’est rien. Nous avons gagné la mer. Nous avons vécu, et malgré l’immortalité de notre enveloppe, nous avons changé.

—————————



Je goûte au repos des déchus :
Sommeil au goût amer,
Soleil à la lumière noire.
Je traverse une nébuleuse,
Étoiles et couleur bleue,
Oranges de lumière grise.
L’ange déçu se penche,
Murmure et disparaît.
Affolement contraint,
Les lumières s’éclairent,
D’éclats bleus et noirs.
Un cosmos étrange :
Ne manque que l’orange,
Pour que se reflète un miroir.

Je coule dans les eaux disparues,
Étrange regard des algues,
Absorption totale du noir.
Je me noie dans l’infini,
Rocailles et couleur verte,
Rouges des disparus.
Une ondine apparaît,
Hurle et me mange.
Digestion restreinte,
Des intestins je me venge.
Accouchement dans la douleur,
Nouvelle vie, nouvelle couleur.
Le tout n’est qu’un début,
La fin n’est qu’un moyen.
 

Victor 7

 

—————————

 

J’ai eu du mal à comprendre ce qu’il m’est arrivé : je sais que j’ai déjà connu cette sensation, au début de ma vie. Tout me paraît si simple, loin des tracas de la surface. J’ai abandonné la terre, les soucis. Je vis uniquement pour l’eau. Elle est moi. Je suis elle. Ce qui me perturbe c’est ce que je ressens. Ce que ressentirait un aveugle. Il me manque quelque chose, quelque chose d’essentiel… Et je ne sais pas quoi exactement. J’aimerais retrouver ça. Pouvoir voir le monde entièrement. Mais c’est impossible. Il ne reste que l’océan, et parfois l’espoir azuré du ciel. Ces endroits où les cieux plongent dans l’eau. Bleue profonde. Mais où est la différence ? L’eau n’est plus que le reflet du ciel, et le ciel se confond à l’océan. Plus rien ne les sépare. Deux jumeaux, qui s’ignorent, ils ne sont plus qu’un : même univers, mêmes créatures, mêmes Dieux.

—————————


Je dois me reprendre… Où est cette flamme qui m’habitait ? L’envie de vivre ardemment ? La fureur, le feu qui me dévorait, si furieusement, l’envie de combattre pour vivre ? Tout est noyé dans un liquide amniotique. Brûlée, consumée, la mèche s’est enfouie sous la cire et dégage une odeur âcre, pourrais-je la rallumer ? Est ce vraiment mon désir ?
Qui ? Par sa présence rassurante, osmose parfaite, m’a fait oublier cette rudesse ? Celle d’une flamme incontrôlée, celle de mes peines et de mes douleurs… Je dois me laisser aller, me fondre lentement, me laisser transporter. Oublier la rigueur, la morsure, le ballet hypnotique de flammes, qui ne pensent qu’à me consumer… Pourtant - souvenir pénible -, ce feu, réconfort des soirées d’hiver, à la flamme envoûtante, rassurante, la chaleur amie, les couleurs chatoyantes, sauvages. Des couleurs qui vont me manquer, le rouge s’estompe, le bleu engloutit tout… Et ma peine se noie dans un monde de ténèbres, de froideur…
L’enfer froid, voilà ce qu’il me reste…
Mais il y a autre chose. Laureline, elle se fond littéralement dans les flots, mon esprit s’y laisse glisser. La mer : mon avenir, ma perte.

—————————


Au noir de mon regard,
La beauté d’une orchidée
Qui jamais ne flétrira,
Jamais ne tombera.
Dans mes bras, l’ai serrée,
D’un baiser l’ai consommée.
Au cœur de ses courbures,
Je trouvai une meurtrissure.

Dans un cercueil, bercée,
Au royaume d’éternité.
Son âme m’a parcouru,
Je caressais son dos nu.
Mon esprit l’a effeuillée,
La grâce m’a effleuré.
C’était une orchidée
Qui s’offrait à mon regard.

—————————


J’ai donc décidé de me laisser aller à l’ivresse des fonds marins. Je laisse mon corps glisser, se fondre, disparaître. La caresse, le lent écoulement de l’eau contre mon corps m’apaise, me trouble. Je perds conscience, esprit et identité. J’abandonne ainsi mon individualité qui me freine, revêtit une autre peau : je suis l’eau, je suis la mer, je suis tout. La perfection est fausse, il me semble. Mon intégrité se crée par la dissolution de mon corps physique trop pesant. Là, dans l’eau, invisible au monde, je disparais par instants, m‘efface et goûte à l’inconsistance. Je coule lentement vers l’inconscience.

victor 10


La flamme, Victor ! N’oublie pas la flamme ! C’est le feu qui fait vivre, pas l’eau. Le liquide amniotique est un élément qui baigne les non-nés. Me laisser couler c’est regagner un monde qui n’est pas à moi, trop tôt, trop tard. Il faut croire en la flamme. Le feu n’est plus là pour me guider. Mais au fond de mon cœur, il reste l’étincelle. Je dois la cultiver, je dois l’aimer. Sentir en moi ce flot ardent que je partage avec elle : Laureline. Ne pas oublier mon serment.

—————————


Une insondable vérité bleue.
Elle est froide mais calme,
Elle est sombre mais belle.
Son infini présence rassure.
Elle engloutit tout ; effraie.
Au cœur de la tourmente,
Pourtant, elle est là.

Immuable. De sa présence inquiétante.
Au fond du chaos, il y a un ordre ;
C’est elle – anarchique génitrice.
Ses lamentations trouvent un écho.
Elle utilise les corps, les vident, les jettent.

Adorons-la. Apaisons son courroux.
En vain. Veut-elle être aimée ?
Veut-elle être crainte ?
C’est une mère sorcière.
Un prédateur aimant.
Elle est l’avant, elle est l’après.
Le début et la fin.
C’est une insondable vérité bleue.
 

—————————

 
 Je pense souvent à ma mère. Je sais qu’elle est morte à présent. Je le sais. J’ai fait un choix, un choix difficile que je ne regretterai pas. J’ai tenu ma promesse, Laureline est si merveilleuse, jamais je ne reviendrai sur ma parole. Mais les humains n’oublient pas, et malgré les siècles ils continuent de chasser.
Un matin, je m’éveille, seul, je fouille la place vide à mes côtés, mais ne trouve que la solitude et la moiteur étouffante des fonds marins, et soudain je réalise que ce sont ses cris qui m’ont réveillé.
“Victor ! Aide-moi !”. “Aime-moi !” Avais-je compris. “Oui, de tout mon cœur.”
Je dois quitter les abysses, remonter à la surface, fendre les flots de mon corps marin. Les cris viennent de ce bateau, dérisoire, coquille de noix portée par le vent ; souvenir d’un temps qui n’est plus, n’a jamais été. Je le suis, patiemment, avalant à pleines goulées d’eau salée ma colère. J’attends mon heure, mais je sait d’avance que l’eau rougira de honte, de leur sang. Oui, l’opprobre sera lavée, désinfectée dans les flots infernaux. Un être aussi pur que Laureline ne doit pas être souillée par les humains imparfaits. La nuit arrive, enfin, je l’ai tant attendue – je l’ai connue magnifique, colorée, aujourd’hui elle est sombre, noire, comme ce qui emplit mon cœur.

—————————


Existence noire, baptisé par le fer,
De la haine tu m’abreuves.
De mes souvenirs je chasse la mémoire,
Ce soleil sans lumière me brûle le visage,
Sombre nébuleuse poursuit sa destruction.
Qu’attendent les déchus ?
Froide neige apporte moi le repos,
Tiède nuit je veux que tu m’apaises,
Par les jours de pluie mon âme se déchire,
Sentiment familier, que je ne peux qu’embrasser.
Existence noire, occis par le fer,
Dis-moi qu’il existe un au-delà.

 

—————————

 

Elle se tortille dans les filets, épuisée, mais elle continue de m’appeler, son bien-aimé. Sois patiente ! J’arrive. Je me hisse lentement à bord de l’embarcation, mon corps n’est plus à même de se mouvoir librement à l’air libre. Peu importe, le combat qui arrive sera sous-marin. Le premier marin que je rencontre ne m’aperçoit pas. Je m’approche par-derrière, plus silencieux qu’une anguille  – même le léger bruit de ruissellement ne me trahirait pas – le pêcheur ne se rend pas compte de ma présence à temps. Déjà je l’ai entraîné dans les flots. Au creux d’une vague, je le noie. Même quand le corps n’a plus aucune réaction, je m’acharne à lui maintenir la tête sous l’eau. Ainsi les marins y passeront un par un. Je pourrais alors libérer ma bien-aimée, terrifiée.

 

Victor 14

 

Je ne trouve dans ses yeux aucune gratitude, seulement une insondable frayeur : “Victor ? Tu ne l’as pas fait par amour, mais par vengeance…” la voix si douce de Laureline se perd, s’étouffe sous les sanglots. Je comprends alors, je comprend son geste ; sa promesse, son serment, brisés, anéantis. Je suis humain, je le serais toujours. Je l’ai perdue – je le sais – dès le moment où la colère m’a gagné. Je me demande si elle m’a jamais appartenue… Ma Laureline. Peut être étais je le seul possédé ? J’avais tout sacrifié pour elle, et je le referai. Maudit, je sais qu’une seule chose pourra nous délivrer. C’est qu’elle, elle reprenne sa promesse, son don, l’immortalité.

—————————

 

Lance enflammée me perce le cœur,
Flammes enlacées jusqu’au tréfonds m’écœurent.
Abysses infernaux, enfer abyssal,
Pour un mot oublié, ils te lacéreraient,
Prométhée l’a donnée, la foi dévorée.
L’ange cannibale sur ton berceau se penche,
L’arbre infernal sur ton tombeau s’épanche.
Destin décidé, festin suicidé,
Le souffle des damnés dans sa fureur s’élève,
Dans un courroux imposé, les peupliers se taisent.

 

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1. Mertseger  le 25-10-2010 à 09:56:02

Je crois que ce sont les dessins qui marquent le plus, ou du moins qui en disent le plus long sur toi ...

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posté le 24-10-2010 à 16:41:44

Mes premières fois

Mes premières fois



Le premier amour

Découverte. 

    Nous avions 7 ans. Tes cheveux blonds et ton sourire sont magnifiques. Une lueur dans ton regard qui m'a fait fondre. Autour de nous, la nature, le soleil et la liberté. Tu as cueilli une fleur, un bouton d'or, ta main a effleuré mon visage de cette offrande. En la passant sous mon menton, amusée, tu m'as demandé si j'aimais le beurre. "Oui, pourquoi ?", "C'est ce que pensent les boutons d'or".
    Tu es le soleil, tu es la fleur sous mon visage, tu es l'insouciance.
    Plus tard, nous nous sommes revus à un mariage, nous avons dansé, ri. Nous ne nous sommes jamais embrassés. Nous nous écrivions souvent ; toutes les semaines. Tu m'as envoyé l'affiche de "la dernière licorne", c'était celle que j'avais mise de côté pour toi. Je t'ai écrit que je t'aimais. Je ne te l'ai jamais envoyée.

Le premier baiser
Électrique. 

    Tu m'as demandé si je voulais sortir avec toi. J'étais gêné. Puis tu m'as embrassé. Frisson. Magie. Plaisir humide de tes lèvres sur les miennes. L'instant parfait, l'instant à retrouver. Le moment où nos regards se sont croisés. Le moment où nous avons partagé. Plus que des mots, des sensations, des ressentis. Nous nous sommes trouvés.

La première masturbation
Infini. 

    La découverte de mon corps, premier plaisir éprouvé. Toutes ces pensées non formulées : Aubade, la redoute, les camarades de classe, la mère d'un ami… Juste imaginer se blottir dans des seins, dans des jambes, dans un ventre. Aucun sentiment de culpabilité, aucune attente de la jouissance, de la délivrance. Ça n'aurait pas dû se terminer.

La première relation sexuelle
Anxiété.  

    La première fois. Notre première fois. Malgré tout ce que nous avions préparé, les bougies, le restaurant, les mots, ce ne fut pas l'instant parfait. Sueur, mes yeux baissés et une rougeur sur mon nez trahissaient ce que j'éprouvais. Tu avais tellement peur que tu m'as broyé les hanches de douleur. J'ai fini par abandonner.

La première relation anale
Soumission.  

    Nous dormions, nus, l'un contre l'autre ; et tu as commencé à te rapprocher. Dangereusement. Non. Arrête. Mais il était déjà trop tard. Et tu t'en amusais. Jusqu'à ce que je cesse de lutter et accepte de te dominer.

La première fellation
Abandon. 

    Je parle de celle qui va jusqu'au bout. Celle où je m'abandonne en toi. Je ferme les yeux. Je n'en peux plus. Mais je me retiens. Puis je ne contrôle plus rien. Long déchirement, frémissement qui remonte dans mon bassin, jusqu'à mon dos, jusqu'à ma tête. Je te regarde et je m'excuse. Mais tu me souris. C'est ce que tu attendais.

 

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1. OldDream  le 15-11-2010 à 10:40:03

L'ordre chronologique est-il respecté? Pour ce qui est du chapître 3, je pense changer de catalogue, j'avais de plus en plus de mal avec Damart! Quant à mes premières fois, j'ai déjà un mal fou à me souvenir de mes dernières !
Rire1

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posté le 24-10-2010 à 14:42:28

Gollum nous a offert

 

Les colons

 

 

Gollum

 

 

 


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posté le 24-10-2010 à 14:38:48

Les Colons

Les Colons


colons 1


Collectionner les colons,
c’est comme conserver le regard souvent naïf
de l’Afrique sur l’homme occidental.


    Les colonisateurs ont été souvent représentés à travers des fonctions institutionnelles comme médecin, policier, gendarme ou juge. Mais humour africain, les personnages gardent la peau noire et les mains dans les poches.


 


 

 

     L’art « colon », Il est né au début du XXe siècle à la suite de commandes des colonisateurs ou d’autochtones qui souhaitaient avoir des figures « singeant » les colons. Les sculptures anthropomorphes sont vêtues « à l’occidentale » et couvertes de couleurs. On distingue l’art colon d’avant la deuxième guerre mondiale de l’après, jusqu’à nos jours. La tendance est maintenant à la réalisation de formes très étirées, désignées sous le terme de « filiformes » qui sont peints de couleurs très vives.

    Plusieurs siècles après les premières représentations des marchands et soldats européens qui effectuèrent des transactions avec les peuples côtiers, la présence coloniale marqua profondément la statuaire africaine. Dans le respect des proportions canoniques en vigueur dans les sculptures ethniques, l’homme noir, armé, portant la chéchia rouge, le boléro et le pantalon bouffant fit son apparition. Les pouvoirs qui lui étaient conférés au sein des communautés administrées en firent un personnage dont on se devait d’attirer les bonnes grâces, y compris par le biais du culte. Bambara au Mali, Baoule en Côte-d’Ivoire, Ashanti au Ghana, Kamba au Kenya ou Makondé au Mozambique l’intégrèrent au « panthéon » des pouvoirs terrestres, sous la forme de sculptures en bois, souvent polychromes. Elles font partie de ce qui fut appelé ultérieurement « les Colons ». Ce terme désigne les statuettes qui, à travers l’Afrique, représentèrent la présence ou l’influence occidentale. La production de cette forme d’art allait par la suite se généraliser. Elle se videra de son caractère religieux, sous l’effet d’une demande commerciale occidentale en objets d’art et artisanat. Les attributs autoritaires du tirailleur s’effaceront de la représentation au profit d’avatars de la réussite sociale et autres signes extérieurs de modernité.

Colons 2


    Les colons représentent une catégorie de personnes auxquelles les artistes ou leurs commanditaires se sont vus confrontés constamment dans leur vie quotidienne : administrateurs coloniaux, soldats, commerçants, missionnaires.

    Au début, les colons étaient des statuettes teintes avec des teintures végétales, représentant les blancs tels que perçus par les artisans africains, à travers le filtre des canons esthétiques traditionnels. Les sculpteurs quittent ensuite le primitivisme, pour aborder des représentations plus fidèles à la réalité, non dénuées de beaucoup de naiveté, privilégiant le détail jusqu’à l’anecdote. Fusil, chapeaux, bottes, vêtements à la mode, coiffures plaquées, soutiens-gorge, bouteilles de vin… tout est bon !

 

 

Colons 3

 

 Gollum

 

Pour en voir plus…

 


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1. Francoisee  le 24-10-2010 à 18:48:28

De cette "mémoire colons" qu'ont les africains, il y a aussi un mot, qui fait partie du vocabulaire de quasiment toutes les langues éthniques de l'Afrique. C'est le mot "toubab", qui vient du mot "toubib", ces colons-médecins blancs qui sillonnaient la brousse.
Merci GoLLuM pour ce remarquable article, sur cette période spécifique de l'art africain, dont très peu de personnes en connaissent l'origine.

2. So-So  le 11-11-2010 à 13:03:22

Merci GollumSourire) moi qui connais bien tes "oeuvres" africaines et qui en possède un tout petit peu.... hein? tu racontes si bien les histoires lorsque que l'on s'intéresse à un masque, une statue, un passeport, un colon....... Merci à toi d'être ce que tu es, je t'aime d'amitié. Gros bisousSourire

3. Edouard  le 12-11-2010 à 00:07:59

Toubab qui vient de Toubib ? Pas sûr. D'où vient cette belle assurance? On sait tout! On croit savoir. Ayant vécu 2 ans là bas, je crois avoir retenu de mon ami dioula descendu à Abidjan, que toutab, diminutif de 'toubabou' : ca signifierait blanc, l'homme blanc ... en dioula, par ex... à Ouaga et ailleurs

4. OldDream  le 15-11-2010 à 10:57:51

Toubib or not toubib....
Je partage l'avis de So-So Clin doeil1

5. Francoisee  le 15-11-2010 à 15:55:26

Pour répondre à Edouard, et bien oui !!!! toubab = homme blanc = toubib (homme en blanc du temps de la colonisation) Les médecins (toubibs) étaient blancs et en blanc . Moi je tiens cela de griots sénégalais, et de la plupart des sénégalais.
PS : c'est qui Edouard ?

6. Lhorizonette  le 15-02-2011 à 21:18:29

Allez j'avoue Gollum, sont belles tes "poupées" et, en plus tu connais leurs histoires. Je suis certaine qu'elles en auraient à raconter, si elles pouvaient ...

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