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Titre du blog : Arts scéniques et vieilles dentelles
Auteur : Artscenik
Date de création : 03-10-2010
 
posté le 24-10-2010 à 18:09:18

Moi, Victor

Moi, Victor

 

 

Victor 1

 

 

 

Torrents de feu. J’aimerais revivre, être autre chose qu’une phalène.
La flamme danse, crépite, et nous attire inexorablement vers sa morsure mortelle.
Nos ailes bruissent, s’approchent, peu importe les victimes, nous suivons la chaleur.
Est-ce qu’on meurt dans le réconfort ? Le bien-être d’une flamme amie ?


Je m’appelle, Victor, et je suis comme les autres… Je suppose. Ce matin, comme d’habitude, je sors de bonne heure de chez mes parents. Ils me regardent, du pas de la porte, m’éloigner. Je cours, insouciant. Ma mère me demande, plus de façon rituelle, que véritablement curieuse, où je vais, si plein d’entrain et de gaieté. Je dois dire que j’ai à peine entendu la question, mais je la connais par cœur, je donne la même réponse que tous les jours : « au lac ». Elle et mon père, rentrent, rassurés, car ils savent que je suis prudent.

 

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Fixant mon reflet dans l’eau, je vois mon petit bateau de bois dériver, du coin de l’œil. Il est déjà bien loin maintenant.
Tiens ? C’est étrange… Mon reflet semble bouger. Non ce n’est pas le léger frémissement de l’eau. Ce n’est pas non plus un poisson. Il semble vouloir crever la surface, comme pour me rejoindre. Ce qu’il y a d’encore plus étrange, c’est que je trouve que le reflet de mon visage dégage une délicatesse que je ne lui connaissais pas. Et cette couleur bleutée ? D’où vient-elle ? Certainement pas du soleil, qui est maintenant au plus haut. Mais non… Ce n’est ni moi, ni mon reflet que j’observe… C’est autre chose. Le visage souriant perce la surface du lac, suivi d’une main, puis un bras, et toujours cette couleur bleuâtre… Un bleu, ni vif, ni ciel, plutôt estompé. Le bleu-blanc des arbres couvert de gel au début de l’hiver. J’observe ce visage magnifique, enfantin, qui s’anime dans un ballet étrange et joyeux. Ce visage semble se moquer de moi, délicatement. La main danse sous les rayons de soleil, dans une sarabande moqueuse. J’approche donc mon visage de l’eau… Encore plus près. Nos deux nez se touchent. Dans une trombe d’eau, je me retrouve projeté en arrière.


Victor 2 Maintenant couché dans l’eau (je n’ose penser à ce que va dire ma mère en voyant mes vêtements détrempés…), je suis maintenant fasciné par ce corps adolescent, sur le haut duquel retombe de longs cheveux blonds. On dirait une jeune fille. Mais elle est différente de toute celles que je connais. Sa peau pour commencer, est d’un bleu pâle inhabituel. Et ses doigts… C’est comme s’ils étaient joints les uns aux autres par une fine membrane, bleue, elle aussi. Elle a des yeux noirs sans iris, dans le vide desquels je pourrais me noyer. Ils me dévisagent fixement.
A cet instant, le son d’une voix claire et mélodieuse brise le charme de cette scène étrange.
« Alors, nigaud ? Tu ne veux pas jouer avec moi ? »


Evidemment que je veux…



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J’ai tant couru dans l’eau, chahuté, et nagé avec cette étrange jeune fille, que je suis maintenant épuisé. Je n’ai ni frère ni sœur, et je n’ai jamais passé un aussi bon moment. Elle est belle. J’aimerais jouer avec elle, encore un peu… Mais le soir approche, et je dois la quitter. Sans un mot, nous partageons silencieusement la promesse de nous revoir.
Au moment où je pars, je l’entends me murmurer, calmement « A bientôt Victor. Mais je t’en prie : ne tombe jamais amoureux de moi, tu n’aurais que du souci ».
Je rentre donc, bien tard, beaucoup plus que d’habitude. Et je pense à elle, si jolie, si innocente. Peut-être que malgré tout, je suis en train de tomber amoureux ? Peu importe ce qu’il m’arrivera. Mais après tout, je ne sais pas ce qu’est l’amour… Comment saurais-je si c’est ce que je ressens ?

 

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Je veux voir et pleurer la lumière du soleil ;
Ouvrir ma poitrine, sortir mon cœur.
Mangeons-le, Pleurons un an encore.
Rire dans les nuages ; et d’autres merveilles ;
Au fond des eaux, au-dessus du ciel,
Peu d’émotions… suis-je spirituel ?
Toutes ces impressions… suis-je matériel ?
Doit-on le trouver pour devenir pareils ?

 

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Mes parents, bien évidemment, semblent contrariés par l’état piteux de mes habits. Ils ne me posent aucune question sur mon retard. Ils savent que je ne dirais rien, et que je suis parfois un peu ailleurs. Mais ils semblent ravis de me voir manger avec appétit ce soir… Et les soirs suivants. Car je revois souvent la jeune fille, presque tous les jours, durant deux semaines. Enfin, jusqu’à ce mon père tombe malade… Gravement. Il faut dire qu’à la ferme, les vaches sont, elles aussi, malades depuis quelques jours. Peut-être l’ont-elles contaminé ?
Malheureusement, je suis obligé de voir moins souvent Laureline (c’est ainsi qu’elle s’appelle) pour rester près de mon père, à son chevet. Mais dès que je le peux, je vais la retrouver. Je ne peux pas m’en passer. J’ai besoin d’elle. Surtout maintenant.

 

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Je m’effondre, en sanglots. J’essaie de prendre du recul sur ce que vient de m’annoncer ma mère, inondée de larmes. Mon père est mort. Et je n’étais pas là. J’étais avec Laureline. Mon père est mort. Je n’étais pas là. Il est mort. Je ne comprends pas. Je n’y crois pas. Mon père est mort… Mais comment peut-il mourir ? Il était si gentil, si doux. Il prenait soin de moi. Il est mort.
Seule Laureline pourrait me consoler. Avec elle, tout est simple. Elle me comprend. Je ne peux pas la voir. Mon père est mort. Je ne peux pas… Si je ne l’avais pas vue ce soir… Mon père serait-il encore là ?
Pourtant j’y vais… Je vais la retrouver, et sur la route vers le lac, ces mots si doux, auparavant, sonnent amèrement « Ne tombe jamais amoureux de moi, tu n’aurais que du souci ». Est-ce que… ? Non ce n’est pas possible… Mais si… Si elle était responsable ? Si c’était à cause d’elle que mon père est mort ? Elle est si différente… Pourquoi n’aurait-elle pas des pouvoirs ? Et si elle avait tué mon père pour que je sois pour toujours avec elle ?
Un frisson me parcourt l’échine… Non. Pas elle. Pas ma Laureline. Si elle est coupable, alors moi aussi. Pourquoi est-ce que j’ai besoin d’encore la voir ? Mon père est mort. Il ne reviendra plus. Je n’ai que deux solutions : pardonner à Laureline, nous pardonner et tout oublier. Ou me venger d’elle, la seule qui compte autant pour moi. Je dois ravaler ma rancœur. Après tout, si elle m’aime, tout ira bien désormais. Oui. Mais seulement si, elle m’aime.

 

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Notre conversation est vive et animée. Je vois alors un gamin du coin s’enfuir du coin de l’œil. Le sale petit… Il nous espionnait ! Qu’il fuit, le lâche, je dois éclaircir tout ça avec Laureline. Elle doit m’expliquer. Et ce qu’elle me dit me transforme. Du cœur à la tête. De mon cœur que je pensais voir éclater, de mon cœur qui est à présent ma seule raison de vivre. Nous sourions ensemble. Les yeux dans les yeux. Puis je vois l’horreur envahir ses iris sans fond. Je vois alors, moi aussi, les gens du village s’approcher. Ils parcourent les rives du lac, armés de torches et de fourches.
« Une ondine ! ». Des murmures tout d’abord, maintenant des hurlements ! « Ce foutu gamin est avec une Ondine ! »
Je dis à Laureline de fuir. « Cache-toi ! Sauve-toi ! ».
Et son corps argenté disparaît dans les profondeurs du lac.

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« Ma Laureline » Je pense à toi. Je vais bientôt te rejoindre. Enfermé dans cette cage, dans laquelle les gens du village m’ont enfermé, je penserais toujours à toi. Jusqu’à la fin. Je descend dans les eaux glacés du lac. La froideur pénètre ma chair comme un ultime coup de poignard. Seule ta flamme pourrait me réchauffer, sauver mon âme de cet instant effroyable. Ma prière… Elle est exaucée ! La voilà ! Non, c’est le manque d’oxygène… Je dois avoir des visions. D’ailleurs n’est ce pas un rêve depuis le commencement ? Oui c’est ça. C’est mon imagination. Demain matin, j’aurais tout oublié. J’ai l’imagination fertile. Et papa me réveillera demain pour aller relever les pièges à lapins.
« Victor ». Ce n’est pas la voix de ma mère qui me sort de ce doux engourdissement. « Je peux t’aider ! ».

Victor 6

 
« Je sais ». C’est ce que j’aimerais lui dire. Mais l’eau glacée rentre dans ma bouche, mes bronches, mon sang gelé monte à mes temps. Tout bourdonne, sa voix inaudible semble me demander « Jure-moi de toujours m’aimer avec douceur ». J’acquiesce faiblement. « Bien sûr… Toujours. A jamais. J’ai l’impression d’être aspiré à travers les barreaux de cette cage. De ce cercueil. Je ne suis plus qu’un avec l’eau, pendant un bref et éternel moment. Le vrombissement s’arrête. Un nouveau corps, une nouvelle chance me sont donnés : un corps bleu, aux yeux d’ébène, sans iris. Elle m’a fait le plus merveilleux des dons : je suis désormais un esprit des eaux. Comme elle. Et je partage avec elle l’immortalité. Mais nous devons fuir. Loin de ce lac. Maudit. Traqué par les villageois : pour eux l’Ondine porte malheur. Il faut la détruire avant qu’elle ne joue de ses sortilèges.

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Les années, les siècles passent ; pour mon corps immortel et mon esprit bienheureux, ce n’est rien. Nous avons gagné la mer. Nous avons vécu, et malgré l’immortalité de notre enveloppe, nous avons changé.

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Je goûte au repos des déchus :
Sommeil au goût amer,
Soleil à la lumière noire.
Je traverse une nébuleuse,
Étoiles et couleur bleue,
Oranges de lumière grise.
L’ange déçu se penche,
Murmure et disparaît.
Affolement contraint,
Les lumières s’éclairent,
D’éclats bleus et noirs.
Un cosmos étrange :
Ne manque que l’orange,
Pour que se reflète un miroir.

Je coule dans les eaux disparues,
Étrange regard des algues,
Absorption totale du noir.
Je me noie dans l’infini,
Rocailles et couleur verte,
Rouges des disparus.
Une ondine apparaît,
Hurle et me mange.
Digestion restreinte,
Des intestins je me venge.
Accouchement dans la douleur,
Nouvelle vie, nouvelle couleur.
Le tout n’est qu’un début,
La fin n’est qu’un moyen.
 

Victor 7

 

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J’ai eu du mal à comprendre ce qu’il m’est arrivé : je sais que j’ai déjà connu cette sensation, au début de ma vie. Tout me paraît si simple, loin des tracas de la surface. J’ai abandonné la terre, les soucis. Je vis uniquement pour l’eau. Elle est moi. Je suis elle. Ce qui me perturbe c’est ce que je ressens. Ce que ressentirait un aveugle. Il me manque quelque chose, quelque chose d’essentiel… Et je ne sais pas quoi exactement. J’aimerais retrouver ça. Pouvoir voir le monde entièrement. Mais c’est impossible. Il ne reste que l’océan, et parfois l’espoir azuré du ciel. Ces endroits où les cieux plongent dans l’eau. Bleue profonde. Mais où est la différence ? L’eau n’est plus que le reflet du ciel, et le ciel se confond à l’océan. Plus rien ne les sépare. Deux jumeaux, qui s’ignorent, ils ne sont plus qu’un : même univers, mêmes créatures, mêmes Dieux.

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Je dois me reprendre… Où est cette flamme qui m’habitait ? L’envie de vivre ardemment ? La fureur, le feu qui me dévorait, si furieusement, l’envie de combattre pour vivre ? Tout est noyé dans un liquide amniotique. Brûlée, consumée, la mèche s’est enfouie sous la cire et dégage une odeur âcre, pourrais-je la rallumer ? Est ce vraiment mon désir ?
Qui ? Par sa présence rassurante, osmose parfaite, m’a fait oublier cette rudesse ? Celle d’une flamme incontrôlée, celle de mes peines et de mes douleurs… Je dois me laisser aller, me fondre lentement, me laisser transporter. Oublier la rigueur, la morsure, le ballet hypnotique de flammes, qui ne pensent qu’à me consumer… Pourtant - souvenir pénible -, ce feu, réconfort des soirées d’hiver, à la flamme envoûtante, rassurante, la chaleur amie, les couleurs chatoyantes, sauvages. Des couleurs qui vont me manquer, le rouge s’estompe, le bleu engloutit tout… Et ma peine se noie dans un monde de ténèbres, de froideur…
L’enfer froid, voilà ce qu’il me reste…
Mais il y a autre chose. Laureline, elle se fond littéralement dans les flots, mon esprit s’y laisse glisser. La mer : mon avenir, ma perte.

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Au noir de mon regard,
La beauté d’une orchidée
Qui jamais ne flétrira,
Jamais ne tombera.
Dans mes bras, l’ai serrée,
D’un baiser l’ai consommée.
Au cœur de ses courbures,
Je trouvai une meurtrissure.

Dans un cercueil, bercée,
Au royaume d’éternité.
Son âme m’a parcouru,
Je caressais son dos nu.
Mon esprit l’a effeuillée,
La grâce m’a effleuré.
C’était une orchidée
Qui s’offrait à mon regard.

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J’ai donc décidé de me laisser aller à l’ivresse des fonds marins. Je laisse mon corps glisser, se fondre, disparaître. La caresse, le lent écoulement de l’eau contre mon corps m’apaise, me trouble. Je perds conscience, esprit et identité. J’abandonne ainsi mon individualité qui me freine, revêtit une autre peau : je suis l’eau, je suis la mer, je suis tout. La perfection est fausse, il me semble. Mon intégrité se crée par la dissolution de mon corps physique trop pesant. Là, dans l’eau, invisible au monde, je disparais par instants, m‘efface et goûte à l’inconsistance. Je coule lentement vers l’inconscience.

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La flamme, Victor ! N’oublie pas la flamme ! C’est le feu qui fait vivre, pas l’eau. Le liquide amniotique est un élément qui baigne les non-nés. Me laisser couler c’est regagner un monde qui n’est pas à moi, trop tôt, trop tard. Il faut croire en la flamme. Le feu n’est plus là pour me guider. Mais au fond de mon cœur, il reste l’étincelle. Je dois la cultiver, je dois l’aimer. Sentir en moi ce flot ardent que je partage avec elle : Laureline. Ne pas oublier mon serment.

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Une insondable vérité bleue.
Elle est froide mais calme,
Elle est sombre mais belle.
Son infini présence rassure.
Elle engloutit tout ; effraie.
Au cœur de la tourmente,
Pourtant, elle est là.

Immuable. De sa présence inquiétante.
Au fond du chaos, il y a un ordre ;
C’est elle – anarchique génitrice.
Ses lamentations trouvent un écho.
Elle utilise les corps, les vident, les jettent.

Adorons-la. Apaisons son courroux.
En vain. Veut-elle être aimée ?
Veut-elle être crainte ?
C’est une mère sorcière.
Un prédateur aimant.
Elle est l’avant, elle est l’après.
Le début et la fin.
C’est une insondable vérité bleue.
 

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 Je pense souvent à ma mère. Je sais qu’elle est morte à présent. Je le sais. J’ai fait un choix, un choix difficile que je ne regretterai pas. J’ai tenu ma promesse, Laureline est si merveilleuse, jamais je ne reviendrai sur ma parole. Mais les humains n’oublient pas, et malgré les siècles ils continuent de chasser.
Un matin, je m’éveille, seul, je fouille la place vide à mes côtés, mais ne trouve que la solitude et la moiteur étouffante des fonds marins, et soudain je réalise que ce sont ses cris qui m’ont réveillé.
“Victor ! Aide-moi !”. “Aime-moi !” Avais-je compris. “Oui, de tout mon cœur.”
Je dois quitter les abysses, remonter à la surface, fendre les flots de mon corps marin. Les cris viennent de ce bateau, dérisoire, coquille de noix portée par le vent ; souvenir d’un temps qui n’est plus, n’a jamais été. Je le suis, patiemment, avalant à pleines goulées d’eau salée ma colère. J’attends mon heure, mais je sait d’avance que l’eau rougira de honte, de leur sang. Oui, l’opprobre sera lavée, désinfectée dans les flots infernaux. Un être aussi pur que Laureline ne doit pas être souillée par les humains imparfaits. La nuit arrive, enfin, je l’ai tant attendue – je l’ai connue magnifique, colorée, aujourd’hui elle est sombre, noire, comme ce qui emplit mon cœur.

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Existence noire, baptisé par le fer,
De la haine tu m’abreuves.
De mes souvenirs je chasse la mémoire,
Ce soleil sans lumière me brûle le visage,
Sombre nébuleuse poursuit sa destruction.
Qu’attendent les déchus ?
Froide neige apporte moi le repos,
Tiède nuit je veux que tu m’apaises,
Par les jours de pluie mon âme se déchire,
Sentiment familier, que je ne peux qu’embrasser.
Existence noire, occis par le fer,
Dis-moi qu’il existe un au-delà.

 

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Elle se tortille dans les filets, épuisée, mais elle continue de m’appeler, son bien-aimé. Sois patiente ! J’arrive. Je me hisse lentement à bord de l’embarcation, mon corps n’est plus à même de se mouvoir librement à l’air libre. Peu importe, le combat qui arrive sera sous-marin. Le premier marin que je rencontre ne m’aperçoit pas. Je m’approche par-derrière, plus silencieux qu’une anguille  – même le léger bruit de ruissellement ne me trahirait pas – le pêcheur ne se rend pas compte de ma présence à temps. Déjà je l’ai entraîné dans les flots. Au creux d’une vague, je le noie. Même quand le corps n’a plus aucune réaction, je m’acharne à lui maintenir la tête sous l’eau. Ainsi les marins y passeront un par un. Je pourrais alors libérer ma bien-aimée, terrifiée.

 

Victor 14

 

Je ne trouve dans ses yeux aucune gratitude, seulement une insondable frayeur : “Victor ? Tu ne l’as pas fait par amour, mais par vengeance…” la voix si douce de Laureline se perd, s’étouffe sous les sanglots. Je comprends alors, je comprend son geste ; sa promesse, son serment, brisés, anéantis. Je suis humain, je le serais toujours. Je l’ai perdue – je le sais – dès le moment où la colère m’a gagné. Je me demande si elle m’a jamais appartenue… Ma Laureline. Peut être étais je le seul possédé ? J’avais tout sacrifié pour elle, et je le referai. Maudit, je sais qu’une seule chose pourra nous délivrer. C’est qu’elle, elle reprenne sa promesse, son don, l’immortalité.

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Lance enflammée me perce le cœur,
Flammes enlacées jusqu’au tréfonds m’écœurent.
Abysses infernaux, enfer abyssal,
Pour un mot oublié, ils te lacéreraient,
Prométhée l’a donnée, la foi dévorée.
L’ange cannibale sur ton berceau se penche,
L’arbre infernal sur ton tombeau s’épanche.
Destin décidé, festin suicidé,
Le souffle des damnés dans sa fureur s’élève,
Dans un courroux imposé, les peupliers se taisent.

 

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Commentaires

Mertseger le 25-10-2010 à 09:56:02
Je crois que ce sont les dessins qui marquent le plus, ou du moins qui en disent le plus long sur toi ...