Frisson des Collines
Film québecois de 2011 réalisé par Richard Roy
Halte aux films à énormes budgets, aux films à multiplication d’effets spéciaux spectaculaires, aux films « pop-corn », et je vous rassure car, grand fan de star wars et autres seigneurs des anneaux, j’adore ce cinéma là… Mais il y a un autre cinéma, le cinéma français par exemple, quand il ne lui prend pas des envies hollywoodiennes, le cinéma d’histoires racontées au fil des images. Je pense, après la grande tradition des films avec les géants comme Piccoli, Montand, Schneider, j’en oublie tant, je pense plus récemment aux petits mouchoirs, à « je n’ai rien oublié », à des gens comme Cluzet, Canet, Depardieu, Binoche, j’en oublie encore tant là aussi, mais mon propos aujourd’hui n’est pas de passer en revue l’excellence du cinéma français… Car il y a un autre pays où on sait faire des films comme ça, et de très beaux films de surcroît, des films tendres et émouvants, tabarnac !!!
Je pense au Québec, tiens vous l’auriez peut être deviné, le Québec qui, avec son voisin géant champion de la super production, a bien du mérite à défendre un cinéma de qualité, un cinéma de la vie…
Après ce long préambule – j’en vois dont les paupières s’abaissent déjà – je voulais vous parler d’un très joli film québécois, au titre déjà surprenant et tendre, « Frisson des Collines », d’autant plus tendre quand on sait que c’est le prénom d’un jeune garçon et plus tendre encore quand on apprendra dans le film pourquoi il porte ce prénom, mais là je n’en dis pas plus car il faut préserver un peu le mystère.
L’histoire, en 1969, Frisson des collines (Antoine Olivier Pilon et oui, le nom même et le titre du film ont des accents, voulus, de Marcel Pagnol), 10 ans, et sa famille mènent une existence paisible et enviable. Mais lorsque le père de Frisson décède suite à un accident de travail, leur monde parfait est complètement chamboulé. Le garçonnet se réfugie dans un rêve : celui de se rendre au Festival de Woodstock avec Tom Faucher (Guillaume Lemay-Thivierge), son ami. En parallèle, une galerie de personnages attachants tourne autour du jeune Frisson. Sa maîtresse d’école, Hélène Paradis (Évelyne Brochu), Burger (Antoine Bertrand), le « tannant » du petit village de Ste-Agasse, l’oncle vétérinaire (Paul Doucet). La sœur de Frisson (Viviane Audet) qui a une liaison avec le curé (Rémi-Pierre Paquin) ou la serveuse du bar (Geneviève Brouillette) qui découvre les merveilles du nouveau Wonderbra.
Le tout fleure bon les années 1970, celles du Peace and love, des rêves et de l’insouciance. Malgré la prémisse de base, grave et émotive, Frisson des collines a l’avantage de ne jamais sombrer dans le mélo, un souci du réalisateur Richard Roy qui, avec Michel Michaud et Denis Thériault, en signe aussi le scénario. « Nous avons changé la fin », expliquait-il lors du junket de présentation du film. « Nous ne pouvions pas empêcher Frisson de réaliser son rêve. »
Pas facile pour un jeune acteur, qui fait d’ailleurs ici ses débuts au grand écran, de tenir un film à bout de bras. Antoine Olivier Pilon, qui a aujourd’hui 15 ans, y arrive parfaitement. Outre le talent de cet adolescent prometteur, il faut aussi remercier l’équilibre du scénario qui, en faisant interagir Frisson avec de nombreux personnages, donne son rythme au long métrage et évite la lourdeur. Tous les acteurs au demeurant jouent très « juste ».
Revenons à Frisson des collines et nos moutons (la séquences de la peinture de ces animaux est d’ailleurs très drôle). On notera – et c’est souvent le principal défaut des longs métrages à saveur autobiographique – quelques longueurs dans ce film. On sent parfois un appesantissement sur certains faits qui aurait pu être allégé (le chagrin de la mère de Frisson, la scène du bar de Ste-Agasse, etc.) et resserré.
Ce film aux accents « ruraux » n’empêche pas pour autant de voir une belle fille sexy, un beau barbu musclé sur une belle moto, ou une scène de cascade (la délicieuse scène où les enfants conduisent bien sur…), mais je plaisante, vous entendrez souvent le qualificatif de « feel good movie » au sujet de Frisson des collines, terme utilisé à foison par les artisans du long métrage.
Mais ce long métrage ne se limite pas qu’à cela. Frisson des collines est aussi la représentation d’une époque particulière, auréolée d’un sentiment de liberté, de rêve et de « tout était possible ». En s’assurant, en plus, de disposer des droits de All Along the Watchtower, chanson interprétée par Jimi Hendrix et de Foxey Lady, Richard Roy s’assure de nous faire vibrer encore plus au rythme des années 1970 si particulières et lumineuses.
Nostalgie, certes, un peu, mais j’en garde surtout un doux moment de plaisir, comme une citronnade sirotée lentement au mois mai sur la terrasse, à cette heure magique où la ville se tait un peu, dans le flamboiement des dernières lueurs du coucher de soleil, en savourant dans l’air doux du soir le retour des premières chaleurs…
Commentaires
J'ai loupé ce film et me demande même s'il fut un jour à l'affiche dans mon "bled".
Je partage totalement ton avis sur les films, dits à petits budgets, qui ravissent tout autant que les grosses productions.
Et, depuis quelques années le cinoche français propose de bonnes surprises et donc de bons moments.
Pour n'en citer qu'une, mais fort bien ciblée, tu me diras, "Les neiges du Kilimandjaro" de Robert Guédiguian illustrent à merveille mes propos.
Et ne me dis pas que tu ne l'as pas vu!
Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, poursuivent avec brio les contes du 16e arrondissement.......de Marseille!
De plus le refrain de la chanson est de saison:
"Elles te feront un blanc manteau
Où tu pourras dormir
Elles te feront un blanc manteau
Où tu pourras dormir, dormir, bientôt"