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Titre du blog : Arts scéniques et vieilles dentelles
Auteur : Artscenik
Date de création : 03-10-2010
 
posté le 05-02-2011 à 17:53:18

Somewhere

Somewhere
 

 

somewhere

 

 


Je vous préviens, je trouve Sofia Coppola d’une étrange beauté et son « Lost in translation » d’il y a déjà 8 ans m’avait définitivement réincarné dans la peau de Bill Murray trompant l’ennui de la sublime Scarlett Johansson, dans une chambre d’hôtel de Tokyo. Je reconnais impartialement qu’il y a bien plus mauvais rôle.

Les premières images de Somewhere, répétitions incessantes du vroum-vroum d’une Ferrari noire sur un circuit, auraient pu m’ennuyer si la caméra de cette fille à papa ne savait pas m’intriguer et me surprendre.
Ce film est l’histoire de Johnny Marco (Stephen Dorff, un Tom Cruise jeune et plus viril, au côté bad-boy barbe de cinq jours de James Dean), un acteur squattant la suite n° 59, du mythique Château Marmont, luxueux hôtel de L-A sur les hauteurs de B-H.
Les mâles jaloux, au petit esprit vengeur, lui trouveront l’air ahuri d’un écureuil mal réveillé, trop vite descendu de son arbre, la queue interrogative.

Adepte du « cigarettes, whisky et petites pépées », notre jeune, riche et beau, s’ennuie au gré de ses flâneries dans la mythique ville des anges.
Rien n’y fait, ni les gogos-danseuses se dénudant en live, au pied de son lit, ni la bouteille du mythique Pétrus sur sa table de chevet, ni les filles qui, au seul claquement de ses doigts, se glissent dans ses draps.
Il s’ennuie quelque part, j’en connais d’autres qui ne s’ennuieraient pas.

Mais une vie d’acteur comporte quand même quelques ennuis et obligations, devoir en même temps s’occuper occasionnellement de sa fille Cléo, née d’un premier mariage raté, et de la promotion de son film en Italie.
Que de tracas mon beau Johnny !

Le père découvre alors cette jeune ado de 12 ans, il serait temps ! Cléo, plus mature que son âge et surtout que son père, lui fait prendre conscience que la vraie vie serait peut être autre chose. La toute jeune actrice Elle Fanning est splendide, c’est sûr et certain, nous la reverrons plus grande à l’écran, sans le moindre ennui.
Notre bel insouciant oisif va-t-il se mettre à philosopher ?
Tant et si bien que Johnny Marco fuit L-A, « on the road again » et là, coup de théâtre, il abandonne en pleine country, la somptueuse Ferrari noire, marchant alors vers un autre destin.
Quel gâchis ! faut vraiment s’ennuyer quelque part !

A la sortie du film, une dame qui s’était ennuyée, me demandait si j’avais perçu le message, sûrement plus que subliminal, laissé par ce film, quelque part. Si en plus, pour chaque film, faut trouver une énigme, quel ennui !
La caméra de Sofia est douce, flâneuse, s’attarde sur les temps morts de la vie, est-elle autobiographique ?
Elle se plaît à filmer cette solitude de luxe dans les somptueux palaces dans ces grandes villes sans âme. Le beau portrait de cette Cléo est-il une résurgence de ses plus vieux souvenirs de petite fille trimballée au gré des tumultes de la vie de son célèbre papa ?
Les rugissements pré-orgasmiques du cheval noir cabré à la mécanique huilée, de la mythique écurie d’Enzo, font-ils inéluctablement frémir les plus belles ? Vroum… vroum !
Un message d’espoir délivré aux vieux, moches et pauvres, avec des caisses pourries, mais qui, eux, ne s’ennuient pas ?
Y-aura-t-il une suite pour connaître la destinée de la belle abandonnée, je parle de la voiture ?
Chacun trouvera, quelque part, propres réponses à ses questions, sans gros ennui.

Si la belle et étrange Sofia m’invite un jour dans la suite n° 59 du mythique Château Marmont de L-A, sur les hauteurs de B-H, croyez-moi, je vous promets de ne pas m’ennuyer.
Je dégusterai avec un plaisir infini cette bouteille du mythique Pétrus, restée sur la table de chevet.
Y’a quand même toujours moyen de tuer l’ennui, quelque part, sorry, somewhere !

Mythique-Mi-raisin.

P.-S. : j’espère ne pas vous avoir trop ennuyés.