Nous les héros
Par une froide soirée d’hiver, quand l’horoscope de Radio-Trankil vous prédit, si tout va bien, une vie sentimentale proche de la Bérésina, quand vous vous enlisez dans une histoire qui finit mal avant même d’avoir bien commencée, oseriez-vous aller voir jouer la dernière de la pièce de Lagarce, « Nous, les héros » dont l’histoire se passe en Europe centrale ?
Du Kafka ? Oui, forcément, le metteur en scène Michel Belletante de Théâtre et Compagnie (Rhône-Alpes) l’explique en présentation de la pièce.
Je le cite dans les questions qui nous sont posées :
« Comment vivre ensemble ? »
« Comment vivre ensemble ou séparés ? »
« Quelles sont les règles du jeu qui font que l’on ne peut vivre seul ? »
« Comment s’échapper de la famille ? »
« Comment y rester sans mourir à soi-même ? »
« Solitaires ou solidaires ? »
La vie de groupe, la vie quoi !
Les réponses nous sont apportées dans l’histoire de cette troupe de théâtre qui erre de village en village, dont les dix comédiens nous livrent leurs interrogations, leurs rêves, leurs utopies, le tout dans le burlesque et l’ironie, égayés de chants russes, grecs, bulgares, yiddish. Ces forains déménagent dans un décor qu’ils se créent, juste en emportant leurs valises de questions à chaque coin de la scène, nous y transportant dans un rythme enlevé et gai.
La rencontre avec le théâtre reste toujours une belle histoire d’amour, faut cogiter avant, pendant et après, avec l’impression de ne pas toujours avoir tout compris mais d’avoir au moins essayé.
Pour un soir, au moins, Lagarce m’aura fait oublier l’autre.
Jean-Luc Lagarce est décédé prématurément en 1995 à l’âge de 38 ans, homme de théâtre, surdoué de sa génération, il laisse une œuvre gigantesque, un style que bien des metteurs en scène sauront et aimeront faire revivre pour notre plus grand plaisir.
A ce propos, le théâtre populaire, un de nos plus grands patrimoines, survit en province, hors des circuits de la grande ville, grâce à des associations de bénévoles passionnés qui, chaque année, font leur marché en Avignon. Leur but est également de le promouvoir dès le plus jeune âge, en milieu scolaire, de l’école au lycée. Il a besoin de son public, principal soutien à ses troupes et à leur travail colossal, mais aussi des intermittents du spectacle.
OldDream
OldDream m'a envoyé le texte ci-sessus avec ce commentaire que je partage totalement.
Quand, par bonheur, tu as la chance de partager un bout d'après spectacle avec ces comédiens, des grands qui ne se la pètent pas, tu as l'agréable sensation de faire partie de ces z'héros, ces petits encore émerveillés de pouvoir ouvrir les yeux en grand.
Commentaires
J'ai découvert Lagarce il y a presque dix ans. Je lui dois une de mes plus grandes émotions au théâtre, avec son Voyage à LaHaye, monologue tiré de son journal intime. Par la suite, je me suis précipitée dès qu'une de ses pièces était donnée dans ma ville. Je n'ai pas été déçue...