VEF Blog

Titre du blog : Arts scéniques et vieilles dentelles
Auteur : Artscenik
Date de création : 03-10-2010
 
posté le 17-12-2010 à 20:57:25

Expo-hommage à Romain Gary

Une expo-hommage à Romain Gary mort il y a 30 ans

 

 

Gary

 

 

 

Le 2 décembre 1980, Romain Gary se suicidait à 66 ans d'une balle tirée dans la bouche, à son domicile parisien.

Une oeuvre multiforme et le parcours flamboyant de ce grand séducteur, aviateur, résistant, diplomate, qui choisit pour pseudonymes deux noms placés sous le signe du feu : Gary : brûle en russe et Ajar : braise, dans la même langue.

Sur le coup, cette proximité sémantique n'est pas apparue à grand monde, mais elle permit à l'écrivain d'être deux fois couronné du Goncourt - sous le nom de Gary pour Les Racines du ciel (1956), sous celui d'Ajar pour La vie devant soi (1975).

La vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais…
C'est à cet ovni de la littérature française que le Musée des lettres et manuscrits (222 boulevard Saint-Germain, Paris) consacre à partir du 3 décembre une exposition de 160 pièces uniques (voir ici une dizaine de reproductions en diaporama)

Y figure notamment un premier roman inédit, La Geste grimaçante (1934).

Ce manuscrit de mon premier roman écrit à dix-sept ans ne doit pas être publié. Il peut être ouvert, écrivait Romain Gary en 1979. Sur le mode du récit d'aventure, ce roman épique, noir et violent (dixit le dossier de presse) démarre dans une taverne, sur le port de Shanghai…

 

L'ultime chapitre de Gros-Câlin
Autre pièce majeure de cette même exposition, le chapitre final de Gros-Câlin, qui avait été supprimé lors de la première parution de ce roman publié sous la signature d'Emile Ajar.

Le livre, qui avait un python pour héros, a été réédité en 2007 dans sa version initiale au Mercure de France, avec un final "écologique" inédit (irruption du python au Palais de la Découverte). Faut-il le rappeler ? L'environnement est un thème qui survint tôt dans l'oeuvre de Gary : les éléphants incarnaient dans "Les racines du ciel" une liberté fragile, menacée et essentielle pour l'humanité.

Un panneau de photos de la lumineuse Jean Seberg
Le musée des lettres et manuscrits a aussi fait une place de choix aux textes de La promesse de l'Aube (1960), chant d'amour à une mère fusionnelle (Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais…). Et à un très beau panneau (qu'avait Romain Gary dans son bureau) assemblant de multiples photos de la blonde Jean Seberg, rencontrée en 1959 (c'est l'époque d'A bout de souffle, sorti en 1960). Jean Seberg, figure emblématique des luttes de l'Amérique de ces années-là, engagée notamment au côté des Black Panthers et qu'il soutiendra toute sa vie, même après leur séparation.

Mon musicien favori ? "Bob Dillan"
Enfin, on y voit aussi un questionnaire de Proust, avec réponses manuscrites de Gary. A la question : "quel est votre musicien favori ?", il a répondu :"Bob Dillan" (ainsi écrit). Blague de ce parfait anglophone ?

A l'aube de la décennie 1980, estimant, pout reprendre le titre d'un de ses derniers romans, que son ticket n'était plus valable, Romain Gary choisit de tirer son chapeau. Ce grand mystificateur tint sa promesse : J'ai fait un pacte avec ce monsieur là-haut, vous connaissez ? J'ai fait un pacte avec lui aux termes duquel je ne vieillira jamais. Plus simplement dit : Je me suis bien amusé, au revoir et merci (Vie et mort d'Emile Ajar).

Exposition du 3 décembre 2010 au 20 février 2011
au musée des lettres et manuscrits.



[ImbIr-OstrIY]

Les infos viennent de l'article d'Anne Brigadeau, à voir pour en savoir plus.
 

Commentaires

dilettante le 19-12-2010 à 11:29:40
Romain Gary a pris d'autres pseudos pour écrire :

- Fosco Sinibaldi : Lhomme à la colombe (1958) dénonce avec férocité la corruption et la lenteur d’action de l’O.N.U. dont Gary était membre à l'époque

- Shatan Bogat (le vagabon en russe) : Les têtes de Stéphanie (1974), une satire en mode polar politique dont l'action se passe dans une "démocratie" du Golfe Persique.


Mon préféré : La danse de Gengis Cohn (1967)

"La différence entre les Allemands héritiers d'une immense culture et les Simbas incultes, c'est que les Simbas mangeaient leurs victimes, tandis que les Allemands les transformaient en savon. Ce besoin de propreté, c'est la culture." p 79 ed. Folio (1995)
no_name le 18-12-2010 à 14:53:22
Bob Dillan ? Je ne connais pas.