L’horizon bleu canard des visions troublées
De mes pauvres yeux qui ont tant pleuré
Se convulse, se tord, souffre et s’assombrit
Dans un accouchement de sang alourdi,
Immersion d’orange laqué dans le flou,
Et afin seulement d’en dégrader la pureté
Les myriades de gris sale des oiseaux fous.
Tout comme dans mon pauvre esprit enivré
Qui se laisse aller aux souvenirs lassés
De tout ce qu’il compte de trépassés.
Vapeurs d’alcool lentes qui voltigent,
Comme des clématites sur leurs hautes tiges
Les étrangères passagères que j’ai cueillies
Comme des migratrices repenties
Que je prenais pour des fleurs de la passion
Seulement des campanules de pantalon.
L’esprit repose, incapable de discerner
Le vrai du faux dans l’alcool éthéré
Les souvenirs s’effilochent, coton impalpable
Et la ville sombre et meurt implacablement
Dans les tourments pitoyables de l’agonie
D’un crépuscule explosé aux relents de sardine
De pastis, de corps et de voix qui tapinent.
L’esprit abandonne dans les marrons sombres
Les pensées cohérentes de son moi qui sombre
Vers des ailleurs déjà violets comme des lilas
Vers des espoirs qui déjà ne seront pas,
Le pas de cet esprit qui alors n’entend plus
Les battements d’un cœur qui ne bat plus.
Prisonnier des vapeurs de tous les alcools
Lâche et étanche, oublieux du goût des fleurs,
Ces belles primevères qui versèrent tant de pleurs.
Juste la ville qui coule comme un nénuphar,
Comme un esprit qui s’endort si tard,
Dans les douleurs de tous ces départs
Toutes ces vapeurs lourdes d’aéroport,
Dans les flaques d’hydrocarbures des ports,
Plane le fantôme des rêves de l’enfance.
L’illusion de tous les ors, de toutes ces fragrances
Ce que l’esprit vous laisse, ce que vous en voulez,
Une ultime brume de couleurs décomposées
Dans les vapeurs d’un esprit déjà si ravagé
De tous les alcools que vous partagerez
Dans un pâle souvenir de celui qui déjà
Par son esprit fragile, n’est plus vraiment là.
Le Barbare Crotté, 20 juin 2003
Commentaires
J'aime !
Je me demande si le Casa ne contient pas des substances hallucinogènes après macération de toutes ces plantes.Mais apparemment les énumérées dans tes Vapeurs ne font pas fuir les vers de celle que tu n'oses appeler, ta poésie.
Salut, joli texte, bonne journée à vous.