Himmler : le monstre aux lunettes d'acier
de Peter Longerich
Dans une somme monumentale, Peter Longerich retrace la destinée d'un des pires criminels de l'histoire.
Né en 1900, Heinrich Himmler est mort le 23 mai 1945 en avalant une capsule de cyanure que des soldats anglais essayèrent de lui arracher après l'avoir capturé, alors qu'il tentait de fuir.
Ainsi se termina la destinée de celui qui fut l'un des hommes clés du IIIe Reich.
Chef de la SS, devenu le patron tout-puissant de la police allemande, fondateur du camp de Dachau, organisateur du système concentrationnaire nazi et des déportations de masse, Himmler est un des principaux instigateurs de la Solution finale.
Sans son génie bureaucratique malfaisant, le nazisme n'aurait sans doute pu accomplir des destructions humaines de cette ampleur.
Pourtant, un mystère demeure, que l'historien Peter Longerich exprime en ces termes au début de cette biographie de plus de 900 pages :
"Comment un personnage aussi falot a-t-il pu accéder à un niveau de pouvoir si exceptionnel, comment le fils d'une bonne famille de fonctionnaires catholiques bavarois a-t-il pu devenir l'organisateur d'un système génocidaire s'étendant à toute l'Europe ?"
Un personnage à part
Une responsabilité écrasante
Au fil des pages, Longerich nous introduit dans la fantasmagorie de celui qui cherche dans le culte des ancêtres germaniques une religion de substitution au christianisme, devenu sa cible principale, avec les Juifs et les communistes.
Passionné d'occultisme, Himmler va projeter ses marottes sur ses régiments SS, dont il veut faire les chevaliers d'un nouvel ordre qui redessine la carte de l'Europe à l'aune d'une Allemagne « régénérée ». « La succession des victoires remportées par la Wehrmacht depuis 1939 l'incita à réduire à quelques années l'avènement de son grand empire germanique. En 1942, il put croire que le moment était venu pour sa SS et lui de concrétiser ce qui n'avait été que des représentations utopiques », écrit Longerich, qui termine son livre par une assertion terrifiante : « Le IIIe Reich ne s'est pas effondré de l'intérieur, mais sous les coups des armées alliées. Cette prolongation de son existence, qui coûta la vie à des millions de victimes, doit essentiellement être attribuée à Himmler. »
Himmler de Peter Longerich,
traduit de l'allemand par Raymond Clarinard,
Éditions Héloïse d'Ormesson, 917 p., 30 €.