La première frayeur, au cirque de l'enfance,
Par son rugissement, nous fit faire silence.
Nous cherchions son regard, pour encore avoir peur,
Il montrait son dédain de toute sa hauteur
Et semblait n'accorder d'attention qu'à lui-même,
Ecoutant vaguement le dompteur sur l'arène.
Que les temps ont changé : Autrefois il fallait
Qu'il dévorât un homme, et voilà, désormais,
Qu'on le montre, captif, derrière des barreaux,
Donnant ses yeux éteints aux rires des badauds,
Qu'on l'empêche de mordre, et qu'enfin, on le dresse.
L'humanité n'est rien, pour lui, qu'une traîtresse.
Fallait-il qu'en outre, le fabuliste en fît
Un sot personnage qui, contre les petits,
Perdait sa contenance, au mépris de la loi
Qui, unanimement, faisait de lui le roi
Des animaux du monde. Où la sagesse, en somme,
Règne-t-elle ? Chez l'animal, ou bien chez l'homme ?
Aujourd'hui, lorsqu'on voit un lion, dans la nature,
On ne peut ignorer combien la vie est dure
A sa félinité. Le craint-on, on le chasse,
On le capture, seul, en laissant, sur ses traces,
Errer, sans comprendre, sa femelle et ses fils
Qui jouent comme des chats, sans haine et sans malice.
Le grand lion si triste, dans sa cage, couché,
C'est l'Afrique qui meurt en silence, blessée,
C'est, contre le vent où l'ultime tocsin sonne,
Pour l'aider, pour l'aimer, mon envie d'être lionne.
Commentaires
L'indomptable, le redoutable
Le lion est mort ce soir
Viens ma belle, viens ma gazelle
Le lion est mort ce soir
Un jour, forcément, nous y retournerons...
Françoise